Quelques ressources sur la densification
Dans la revue Urbanisme n°441, Catherine Sabbah pose une question pleine de bon sens : « Qui est le mieux placé pour discuter de la densité ? Ceux qui la pensent ou ceux qui la vivent […] De quoi parle-t-on exactement ? D’habitants au kilomètre carré ? […] D’emprise au sol ? De logements à l’hectare ? D’habitants par logement ? ». Ces interrogations, au cœur de ce numéro, nous invitent à clarifier un sujet complexe mais essentiel.
La densification, souvent mal perçue, se heurte à des résistances de la part de certains élus locaux, qui relaient le désir persistant de nombreux citoyens pour la « maison avec son jardin ». Cette préférence, bien que compréhensible, repose parfois davantage sur des ressentis ou des idées reçues que sur une réalité objective et mesurable. Le manque d’outils pour évaluer précisément la densité alimente des débats parfois peu constructifs, mêlant croyances et fantasmes techniques ou financiers.
Cet article vous propose d’aller plus loin, en découvrant des ressources précieuses comme celles de l’ADEME ou du CEREMA, et en explorant des arguments solides pour répondre sereinement à ces questions. Ensemble, relevons le défi d’un aménagement du territoire qui conjugue qualité de vie et respect de nos engagements climatiques, tels que fixés par la loi Climat et Résilience de 2021.
Introduction
Étude du CEREMA sur la perception de la densité
Rafaela FOURNIERC
Ressource :
Urbanisme : En chemin vers une densité désirable (CEREMA)
Le CEREMA met en relation une analyse quantitative de la densité (densité bâtie, hauteur des constructions, coefficient d’emprise au sol…) à une analyse qualitative (enquête auprès des habitants pour voir la « vrai » manière de vivre le territoire).
Cette étude montre que :
- la densité est faussement perçue : la hauteur est perçue comme très dense alors qu’elle ne l’est pas forcément ;
- la densité de type centre-ville est assez appréciée ;
- la satisfaction des habitants pour leur cadre de vie ne dépend pas uniquement de la densité de l’environnement, elle dépend surtout : de la proximité de la nature, de l’offre en services et enfin de la desserte en transport en commun ;
- « l’acceptabilité de la densité n’est pas corrélée à la densité mesurée : les opérations les plus denses ne sont pas les moins acceptées par les habitants. Leur appropriation dépend de nombreuses dimensions propres à chaque individu mais aussi du contexte territorial et notamment de la proportion d’espaces publics et de leur qualité ».
Rafaëla conclue son interview en disant que de manière générale, ce n’est pas le milieu urbain ou la densification qui est rejeté, mais d’avantage la métropolisation. En effet, ce phénomène éloigne les « ville moyenne », qui dispose déjà d’une certaine intensité de service, de la proximité avec les espaces de nature si cher aux habitants dans leur perception de leur cadre de vie.
Ce guide vient rappeler des leviers d’action permettant de mener la densification de la ville. Il permet à la fois d’identifier les évolutions associées à l’application de la loi Climat & Résilience ont permis. Pour les documents d’urbanisme et en matière fiscale également.
Renouveler et optimiser la ville existante pour favoriser la sobriété foncière, à travers de nombreux exemples :
- Planifier l’intensification urbaine autour des pôles de transports collectifs dans les centres urbains (p.43);
- Redynamiser les centres-bourgs anciens ;
- Reconquérir les friches ;
- Rénover pour utiliser les bâtiments vacants ;
- Privilégier des formes de construction économe en foncier et en espace ;
- Densifier le pavillonnaire.
Des pistes relatives à la qualité de vie et à la préservation de la nature en ville montrent comment mieux intégrer la biodiversité, des espaces publics qualitatifs et de nombreuses références sur ces projets, très inspirant de part les angles de vue différents qui sont abordés.
Article complet de Cairn Horizon, disponible ici
« Faire la ville dense, durable et désirable », ADEME
Ressource : Téléchargez « Faire la ville dense, durable et désirable »
Dans cet article passionnant, identifiant les moyens trouvés par les métropoles Françaises dynamiques, de refaire la ville sur la ville, l’accent est mis sur la concertation. En particulier, la nécessité, après la phase stratégique d’identification des grands objectifs à poursuivre, d’ancrer le projet dans le local, voire l’ultra-local afin que celui-ci puisse être accepté et approprié par les « déjà » habitants du secteur.
En effet, les politiques de la ville renouvelées viennent mettre un véritable coup aux habitudes population locales. Dans le cadre de ces opérations monumentales, l’espace public est plutôt mis à disposition des mobilités actives, des transports en commun, ce qui bousculer les habitudes des populations locales.
C’est là que vient la concertation, la discussion et surtout, l’identification de ce qui est important pour les habitants actuels. Sur un espace donné, on va devoir faire cohabiter différents usages : de l’espace public, du logement, des services, du commerce… Au sein de l’espace public, on va devoir faire cohabiter la mobilité, le stationnement, les espaces de convivialité, les espaces verts… Or, choisir c’est renoncer. Si il est souhaitable d’avoir une air de jeu pour enfants à côté de l’école, vais-je avoir de l’espace pour y mettre les stationnements tels que je les connaissait avant ? L’espace de jeu n’est-il pas plus important que l’espace de stationnement ? Grâce à ces partages, à l’accompagnement de ces cheminements de pensé, les espaces deviennent partagés, les usages cohabitent et surtout, ils permettent d’avoir un aménagement permettant de répondre aux besoins de l’ensemble de ses usagers. Tout du moins, de manière partagée.
Ces démarches sont importantes, aussi, l’article met en avant qu’il est important, aujourd’hui, d’avoir des projets urbains qui permettent ces changements, ces évolutions. Le temps de l’aménagement étant un temps long, des adaptations sont nécessaires au fur et à mesure du projet qui assurent aux nouveaux quartier l’adhésion des anciens habitants et l’arrivée des nouveaux.
Pour finir ce petit article, voici quelques exemples de références (soit propositions commerciales d’entreprises, projets architecturaux ou encore fiches de projets ayant eu lieu), permettant de continuer et de vérifier la faisabilité de ces opérations :
- En matière d’habitat, le référentiel du CEREMA est pertinent : disponible ici ;
- En matière de zones d’activités (en particulier pour le stockage), ces ressources permettent de concilier sobriété foncière et activités économiques : Prologis, 67 000 m2, 3 étages / Green Dock, 81 000 M2 de stockage, 4 étages / Amazon, 185 000 m2, 4 étages / André BTP, surélévation de bureaux, 470m2 / Avelis, bâtiments évolutifs, 400m2 supplémentaire en 3 nuits / Les maneurs, projet ZAE du Mont-Blanc, optimisation des usages ;
Quelques références inspirantes
Conclusion : la résilience passera également par la densification
L’ensemble de ces éléments montrent qu’il est possible de réaliser des actions permettant de lutter contre l’étalement urbain et de favoriser la densification des territoires. Ces éléments peuvent sembler dans un premier temps contraire à la résilience territoriale : celle-ci est portée dans l’imaginaire collectif par un repli de la société, de la nature et l’idéal de l’auto-suffisance.
Néanmoins, à l’échelle territoriale, la densification permet les nombreux bien-faits vus dans les articles : meilleure infiltration des eaux, espace agricole préservé, diminution des mobilités carbonées… autant de bienfaits permettant à long-terme, de parvenir à la résilience des territoires.